Maisons, fermes: l'habitat à Floirac

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L´inventaire général du patrimoine de Floirac a porté sur 113 maisons et fermes ou anciennes fermes. Ont été prises en compte les constructions antérieures aux années 1960, à l´exception de celles pour lesquelles de récents remaniements rendent l´état d´origine illisible. Parmi ces 113 éléments, plus de la moitié sont des fermes ou anciennes fermes, le reste étant constitué de maisons.

Du point de vue chronologique, l'habitat à Floirac présente deux caractéristiques : un nombre important de constructions antérieures, en tout ou partie, à la Révolution, et un nombre encore plus important qui datent de la seconde moitié du 19e siècle. Pour ce qui concerne les premières, il s'agit en grande majorité de bâtiments qui semblent avoir été construits, en partie au moins, au 18e siècle. Les éléments qui paraissent remonter aux 16e et 17e siècles sont très rares. On en rencontre à la Métairie de Haut et au Bois de la Lande. Les éléments du 18e siècle sont souvent épars, résiduels : ici une ouverture à encadrement chanfreiné, là une façade aux ouvertures disposées sans ordre particulier. Les maisons et logis de fermes qui ont été peu remaniés par la suite, sont rares. Il en existe trois exemples en particulier : l'un aux Girauderies, les autres à la Font de Mageloup. Le nombre de constructions qui semblent remonter à la première moitié du 19e siècle est tout aussi limité.

Au contraire, les trois quarts des maisons et des logis de fermes inventoriés sur la commune datent de la seconde moitié du 19e siècle, en particulier des années 1860 à 1880. Beaucoup ont en effet été construits ou reconstruits durant cette période de prospérité viticole. Si cette frénésie de constructions se poursuit à la fin du 19e siècle, quelques temps après les ravages de la crise du phylloxéra, le nombre de constructions nouvelles s'effondre dans la première moitié du 20e siècle : on n'en compte plus que cinq à cette époque.

C'est aussi la rareté qui caractérise le nombre de dates inscrites sur les maisons et logis de fermes, inscriptions qui font partie des informations permettant de dater les constructions ou les reconstructions. Au cours de l'enquête, six seulement ont été relevées à Floirac. Deux remontent au 18e siècle (1767 dans une pierre remployée à Rabaine, 1785 sur une ancienne dépendance aux Baudets). Les quatre autres sont de 1837 et 1850 à Mageloup, 1855 et 1878 aux Baudets.

Périodes

Principale : 18e siècle

Principale : 19e siècle

Un bourg résiduel, deux grands hameaux

La répartition de l'habitat à Floirac présente un aspect singulier, entre un bourg très résiduel et des hameaux bien plus conséquents. Si ce phénomène est observé dans d'autres communes, la taille du bourg est ici particulièrement réduite : on n'y compte que deux anciennes fermes (une troisième a disparu), aux côtés de l'église, de la mairie, de l'ancienne école, du cimetière et de l'emplacement de l'ancien presbytère, au nord de l'église.

Près de neuf habitations sur dix se trouvent dans la dizaine de hameaux que compte la commune. Une sur quatre se situe à Féole, plus de deux sur trois à Mageloup. Ce dernier hameau fait office de centre économique sur la route qui longe l'estuaire et sur le coteau qui le domine. Féole est le pôle principal du plateau de l'arrière-pays viticole et agricole. Le reste de l'habitat se répartit entre les autres hameaux de l'arrière-pays, notamment les Girauderies, les Baudets et Rabaine. On dénombre douze habitations isolées, toutes des fermes ou anciennes fermes.

Dans tous les cas, ces regroupements d'habitat sont relativement peu denses. C'est ce que montre par exemple l'analyse de l'emplacement des maisons sur leur terrain : plus des deux tiers sont des maisons indépendantes, c'est-à-dire non accolées les unes aux autres, bénéficiant chacune d'une cour et/ou d'un jardin, voire de petites dépendances. Le reste est constitué de maisons attenantes.

L'importance des activités agricoles inscrite dans la pierre

Plus de la moitié des constructions inventoriées à Floirac sont des fermes ou anciennes fermes. À cela s'ajoute un nombre important de maisons dites "rurales", c'est-à-dire qui possèdent de petites dépendances agricoles assurant la subsistance de leurs anciens occupants. On en compte trente à Floirac, soit les deux tiers des maisons. Ce nombre conjugué de fermes ou anciennes fermes et de maisons rurales traduit la prédominance de l'activité agricole dans la commune au cours des siècles passés. Très présente dans les communes voisines, l'activité commerciale est ici presque inexistante : un seul ancien commerce a été relevé, à Féole.

Parmi les fermes ou anciennes fermes relevées, deux sur trois sont à bâtiments jointifs, c'est-à-dire accolés autour d'une cour, généralement sans ordre particulier. Cette organisation, également très présente dans les communes voisines, pourrait être liée aux nécessités de la viticulture, omniprésente dans la seconde moitié du 19e siècle. Un tiers des fermes ou anciennes fermes possèdent ainsi des dépendances, notamment un chai, accolées en appentis à l'arrière du logis. Le reste des exploitations est presque exclusivement constitué de bâtiments séparés. Rares sont les bâtiments de fermes alignés sous le même toit (ferme de type "bloc en longueur"). Une seule ferme de plan massé a été relevée, dans le bourg : dans ce cas, le logis occupe un angle du bâtiment et en partage le vaste toit avec les dépendances.

Les logis de fermes sont généralement de dimensions modestes. Les maisons de maître, constructions qui se veulent des imitations des demeures bourgeoises, sont ainsi très rares. On n'en compte que trois sur la commune. Cinq anciennes fermes possèdent en plus du logis un logement secondaire : il s'agit soit d'un logement pour domestiques ou ouvriers agricoles, soit d'un ancien logis, délaissé au 19e siècle au profit d'un logis plus grand et plus confortable.

Parmi les dépendances, chais et granges sont présents à parts égales. Près de la moitié des anciennes exploitations possèdent au moins l'un des deux, et une sur quatre les deux à la fois, ce qui traduit deux phénomènes économiques : d'une part la persistance d'un peu de viticulture après la crise du phylloxéra, grâce à la reconstitution partielle du vignoble ; d'autre part, l'adoption de la polyculture après cette même crise, pour diversifier les sources de revenus agricoles.

L'eau est également très présente dans les anciennes fermes et auprès des maisons. Une trentaine de puits a ainsi été relevée dans les cours ou les jardins, de même que trois mares. À ces chiffres s'ajoutent les six puits et fontaines communs qui permettaient aux habitants de bénéficier de la ressource en eau en partageant, via la collectivité, l'entretien de ces points d'eau.

Des maisons et des logis de fermes au caractère modeste

La prospérité viticole de la seconde moitié du 19e siècle qui a profité à Floirac comme aux communes voisines, se retrouve dans les caractéristiques des nombreux logis de fermes et maisons construits à cette époque. Ainsi, un tiers des constructions présente une façade entièrement construite en pierre de taille, et non en moellons enduits, signe de moyens financiers accrus permettant d'adopter une telle mise en œuvre de la pierre. De la même façon, près de deux tiers des toits possèdent au moins une croupe, une forme de charpente et de toiture plus complexe, donc plus coûteuse à réaliser que les simples longs pans. Pour allier ce souci de fantaisie et les impératifs financiers, le toit ne possède souvent une croupe que sur un côté, généralement le plus visible, côté rue. Pierre de taille et toit à croupes contribuent alors à donner à l'habitation l'allure d'une maison saintongeaise, un type architectural très en vogue à l'époque dans toute la région.

Toutefois, par-delà cet aspect premier, les maisons et logis de ferme présentent aussi une certaine modestie qui démontre les limites de la prospérité de leurs commanditaires. Neuf sur dix sont des constructions en rez-de-chaussée, très majoritairement surmontées d'un comble, habitable dans un tiers des cas, occupé en grenier pour le reste. Les habitations comprenant un étage sont beaucoup plus rares. Rares aussi sont celles sous-sol. Trois seulement possèdent un rez-de-chaussée surélevé et un soubassement, de manière à compenser la pente du terrain : la très grande majorité des constructions sont situées sur un plateau ou au sommet d'un coteau, de plain-pied.

En plus du fait que le nombre de maisons de maîtres est très limité, la simplicité des habitations se voit aussi dans les matériaux employés pour les toitures : ici, point d'ardoise, matériau plus cher à l'achat et à la pose, la totalité des constructions étant couvertes de tuile creuse voire, pour certaines de la fin du 19e siècle ou du début du 20e, de tuile mécanique. Le décor des façades se distingue aussi par sa discrétion. À Floirac, seule une habitation sur dix est couronnée par une corniche en pierre (contre la moitié par exemple à Saint-Dizant-du-Gua, autre commune agricole et viticole). 7 % seulement des façades sont ornées d'un bandeau mouluré. Très peu de linteaux d'ouvertures sont décorés de plates-bandes. Cinq génoises seulement (frise constituée d´au moins une rangée de tuiles canal juxtaposées) ont été relevées, dont quatre à deux rangées. La brique, utilisée comme décor en alternance avec la pierre de taille, n'est observée que sur un logis de ferme, à Mageloup.

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