Haut fourneau, affinerie, martinet, moulin à blé dit Forge de Forgeneuve, puis laiterie

France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > Javerlhac-et-la-Chapelle-Saint-Robert

La forge de Forgeneuve est mentionnée dès le milieu du 16e siècle. Elle appartient aux Coquet, maîtres de forge au 17e siècle, puis, au début du siècle suivant, à la famille Couhé de Lusignan. Elle produit alors essentiellement de la fonte en gueuse et des ustensiles ménagers.

En 1750, le fief avec sa "forge, fourneau, moulin et métairie", le tout en "très mauvais état", est acquis par le marquis de Montalembert pour 27 600 livres. Montalembert acquiert également les forges voisines de Bonrecueil, de la Chapelle et de Jommelières, afin de fabriquer des pièces d’artillerie pour l’Arsenal de Rochefort. A Forgeneuve, il recrute un maitre mouleur, Antoine Mallary (ou Vallary, Allary ou Valaric) et modernise l’outil de production, établissant deux foreries de canons vers 1753, ainsi que deux hauts fourneaux accolés. Cédée en 1762 à Paul de Montalembert, la forge est dirigée par le maître de forge François Guyon.

En 1774 la forge est vendue 40 000 livres au comte d'Artois. Elle est alors décrite en ces termes par le maître de forges François Delapousge dans son rapport à l'Intendant de Guyenne : "elle est assortie de deux magnifiques et très solides fourneaux des mieux bâtis et tout nouvellement construits, où l'on pourra fondre gueuzes, canons, mortiers et tout ce qu'on voudra". Acquise par Louis XVI en 1776, la forge fait l’objet de travaux conduit en 1778 par Pierre Toufaire, ingénieur ordinaire des ports et arsenaux de la Marine. En 1782, des lettres patentes élèvent Forgeneuve (et sa voisine Ruelle, en Charente) au titre de "Manufactures royales". Ce privilège permet d'assurer un approvisionnement en bois et en minerais tout en protégeant le transport des produits fabriqués (canons et pièces d'artillerie) à destination du port de Rochefort. Ce statut particulier se poursuit sous la Révolution, l'État conservant et entretenant l'ensemble architectural et mobilier (maison, forge, forerie, halle à charbons).

La forge est inactive dans la première moitié du 19e siècle. En 1867, le colonel Dominique Dutemps du Gric, directeur des fonderies de Ruelle, envisage, "dans un avenir peu éloigné", de remettre en activité le site, en appui de Ruelle. Finalement, l'État se sépare du site qui devient, en 1870, la propriété de la famille Mousnier. Après un aménagement des hauts fourneaux (préservés dans leur enveloppe extérieure, maçonneries et halle), Forgeneuve est alors utilisée pour produire de la chaux. Au début du 20e siècle, le site devient une laiterie-beurrerie, dont l'activité s'arrête avant la seconde Guerre Mondiale.

En 1955, Edmond Peyronnet décrit un site à l'abandon, conservant "la roue motrice, la maçonnerie des hauts fourneaux surmontée d'arbustes". En 1976, le double haut fourneau et les ponts sont protégés au titre des Monuments historiques (inscription du 31 décembre). Il fait, depuis lors, l'objet de restaurations, d'entretien et de visites. Plus récemment (2018), des fouilles archéologiques ont mis au jour une fosse et sa cuve en bois à mouler les canons.

Périodes

Principale : 2e moitié 18e siècle

Dates

1753, daté par source

1766, porte la date

1778, daté par source

Auteurs Personnalite : Montalembert Marc-René, commanditaire (attribution par source)
Auteur : Toufaire Pierre

Diplômé d'architecture à Paris puis promu par le roi ingénieur ordinaire des ports et arsenaux de la Marine en 1774.

, conducteur de travaux (attribution par travaux historiques)
Personnalite : Guyon François

Maître aux forges de Bonrecueil (1753), de la Mothe (1757-1760) puis de Forgeneuve (1764-1767), puis "bourgeois" à Nontron en 1777.

, commanditaire (signature)

La forge de Forgeneuve est située sur le Bandiat, en aval du bourg de Javerlhac. Elle est alimentée par un canal dérivé d'une seconde déviation du Bandiat. Les eaux en aval de la forge se rejoignent après un double pont à éperons (visible sur le cadastre de 1826).

De la forge du XVIIIe siècle, le double haut fourneau et sa halle sont les derniers témoins de l'activité passée. Bâti en calcaire et pierre de taille, le fourneau conserve le canal des eaux pour les roues (une a été restaurée) côté est. À l'intérieur, sa base est percé de quatre ouvertures en arc brisé : côté canal pour les soufflets, côté ouest pour la coulée de la fonte en fusion. Sur l'un des corbeaux (abîmé) soutenant la charpente est gravé : F. GUYO M*D*F 176 [manque] sans doute pour François Guyon, maître de forge à Forgeneuve à partir de 1766.

L'ensemble est surmonté d'un garde-corps ouvert côté ouest, vestige de la rampe d'accès au "gueuloir" pour charger minerai de fer et charbon. Les eaux de pluie s'évacuent de cette terrasse au moyen de gargouilles en forme de fût de canon.

Au nord, se trouve l'ancienne halle à charbon reconvertie il y a peu en habitation.

En partie ceinte d'un muret de clôture, l'ancienne maison du maître de forge conserve des ouvertures à chanfrein droit et concave.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. tuile creuse
Couvertures
Énergies
  1. Nature : énergie hydraulique

    Origine : produite sur place

État de conservation
  1. vestiges

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Dordogne , Javerlhac-et-la-Chapelle-Saint-Robert

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Forgeneuve

Cadastre: 1826 B 1 302-309, 2017 AD 53, 63, 269

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