Moulin de l'abbaye ou moulin de la Roche-en-Goût puis moulin de la promenade de Saint-Savin, centrale hydroélectrique

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Saint-Savin

Le moulin dépendait de l'abbaye de Saint-Savin. Il est figuré comme " moulin banal " sur un plan non daté du 17e siècle (projets d'aménagement de l'abbaye, 1640-1675).

En 1739, le sénéchal de Saint-Savin condamne des valets du meunier de cette ville accusés d'avoir volé de nuit du poisson dans les réservoirs des religieux de l'abbaye. La pêcherie était installée dans le cours de la Gartempe au nord du moulin vers le chevet de l'église si l'on se réfère à la vue de 1688.

En juillet 1757, une brèche de 70 pieds causée à l'écluse du moulin de Saint-Savin par les glaces l'hiver précédent est réparée (342 livres à la charge de l'abbaye).

A la Révolution, le " moulin de Saint-Savin et un bateau et autres dépendances, dépendant de l'abbaye de Saint-Savin [sont] adjugés au Sieur Dupuis le 18 avril 1791 " au titre des Biens nationaux.

C'est le seul moulin à blé répertorié sur la commune de Saint-Savin dans l'enquête générale sur les moulins menée dans toute la France en 1809. Il comprend alors quatre roues, produit une mouture à la grosse, peut produire 2700 kg de farine par jour ; les meules sont tirées de Monthoiron et La Trimouille.

Sur le plan cadastral de 1825, il est représenté avec deux roues.

Le 5 juillet 1843, Vincent Chauvin demande l'autorisation de construire à la droite du moulin à blé existant un moulin à battre les grains. Une première enquête de commodes et incommodes, équivalent des actuelles enquêtes publiques, est organisée du 19 juillet au 14 août 1843. La crue de la Gartempe du 26 février 1844, qui a atteint un niveau inconnu " de mémoire d'homme " et jamais enregistré par les ingénieurs, oblige à revoir le projet de règlement. Grissot de Passy propose au préfet un règlement d'eau le 9 avril 1844 et soumis à une deuxième enquête de commodes et incommodes entre le 19 mai 1844 et le 4 juin 1844.

De 1843 à 1846, Grissot de Passy, ingénieur des Ponts-et-Chaussées de l'arrondissement de Montmorillon se rend à plusieurs reprises à Saint-Savin pour instruire cette demande et celle d'un projet sur la rive opposée au Pré de la Croix-Ronde (commune de Saint-Germain), déposée par M. Demay. Vincent Chauvin s'oppose à ce projet au motif que son moulin risque d'être inondé, puis aux solutions techniques proposées. M. Demay renonce à la création de ce moulin en 1848.

Grissot de Passy propose au préfet le 30 mars 1846 de valider enfin le projet de règlement établi le 9 avril 1844. L'agrandissement du moulin est autorisée par une ordonnance royale du 19 janvier 1847 qui précise les hauteurs d'eau, du seuil et du barrage, les manœuvres des vannes en cas de crue, le curage du bief, et prescrit une remise en état du barrage qui n'a pas été entretenu depuis plusieurs années et régularise le règlement de l'eau du moulin existant antérieurement (voir annexes). Le procès-verbal de récolement des travaux est dressé le 15 octobre 1849 par l'ingénieur des Ponts-et-Chaussées, Grissot de Passy, et le maire, Audiguier, en présence du conducteur de travaux (M. Midoux) et des propriétaires, Vincent Chauvin, Marc Bouchalois, Prudent Guillemet et Clément Magnon. La hauteur de la chute et l'état de la digue des vannes sont vérifiés ; une échelle graduée est scellée sur le jambage de la porte de l'usine et calée sur le point zéro du repère.

Le 15 mai 1855, Jean-Auguste Fruchon, propriétaire d'une usine nouvellement construite à Nalliers, demande l'autorisation de construire un barrage et un moulin à la Gassotte, à environ 780 m en aval du moulin de la Promenade. Une première enquête publique est menée en septembre-octobre 1855 et une seconde enquête est prescrite le 10 mai 1856. Les deux enquêtes recueillent des protestations des propriétaires de maisons et institutions (moulin de la promenade, école des sœurs), mettant en avant un risque d'inondation des parties basses du bourg de Saint-Savin. Une première enquête publique est menée en septembre-octobre 1855, qui aboutit à un avis favorable, mais le 12 février 1856, les meuniers Vincent Chauvin, Prudent Guillemet, Clément Magnon et Marc Bouchalois envoient une réclamation au préfet : le premier nivellement aurait été fait alors que M. Fruchon aurait ouvert les vannes de son moulin de Nalliers. V. Hart, ingénieur des ponts-et-chaussées, refait des mesures fin avril 1856, avec les vannes du moulin de Nalliers fermées puis ouvertes pendant 4 jours : l'influence est négligeable, la Gartempe a baissé seulement d'un centimètre au vieux pont à Saint-Savin. Une seconde enquête est réalisée du 18 mai au 3 juin 1856. V. Hart, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, se déplace plusieurs fois sur place et dresse des rapports avec des notes de calcul et des plans montrant que le barrage est trop éloigné pour avoir une influence sur le niveau des crues. La construction du moulin est du barrage de la Gassotte sont autorisées par arrêté préfectoral du 26 juin 1856.

Le moulin de la Promenade est de son côté modifié à la suite de ces visites de l'ingénieur en 1856 : " Trois roues motrices ont été supprimées et le coursier de l'unique roue actuellement en service a été relevé de 0m60 pour permettre à l'usine de fonctionner pendant les petites crues de la Gartempe ".

La construction du moulin de la Gassotte (actuel camping) apporte une saine concurrence au monopole du moulin de la promenade. Ainsi, un groupe d'habitants de Saint-Savin avait établi que " l'usine à blé [...] est très avantageuse pour le pays, notamment en ce que, d'un côté, elle procure aux propriétaires un écoulement pour leurs denrées et que, de l'autre, les particuliers trouvent, par la concurrence qu'elle a établie avec les moulins à blé circonvoisins, une assez forte diminution dans la rétribution qu'ils payent aux meuniers auxquels ils sont obligés d'avoir recours pour faire moudre leur blé ". Le meunier de la promenade n'arrête pas de contester les travaux réalisés à la Gassotte et se plaint régulièrement auprès du préfet et de l'ingénieur des Ponts-et-Chaussées. Il obtient un constat que M. Fruchon a rétrécit le cours de la rivière de 9 m environ pour établir son moulin, ce qui augmente le risque de crues en amont, et un arrêté préfectoral mettant M. Fruchon en demeure de réaliser des travaux (Delafons, 1858).

Entre 1861, le registre des augmentations et diminutions indique la démolition du moulin - ou d'une partie du moulin - suite à un recours contre René Bouchalois, partiellement propriétaire du moulin de 1843 à 1862. En 1863, un nouveau bâtiment est construit au moulin par le nouveau propriétaire, Pierre LOUIS. Le bâtiment d'eau (E2 900) fait l'objet d'un nouveau classement d'imposition en catégorie 1 en 1866.

Le nouveau propriétaire du moulin de Saint-Savin, M. Coyreau des Loges, refuse à nouveau l'élévation du barrage de la Gassotte de 15 cm en 1877/1878 (rapport de visite du moulin de la Gassotte, 1878). L'élévation du coursier avait eu pour conséquence de pouvoir faire fonctionner le moulin en période de plus hautes eaux, mais de réduire la hauteur de chute d'eau pour les eaux ordinaires, et donc de diminuer la puissance produite au moulin de la promenade. Lors de la visite des lieux, la crête du barrage était déjà 13 cm au-dessus de la cote légale du barrage. Pour un débit de 34,5 m3 de la Gartempe, la perte de niveau d'eau subie par le moulin de la promenade ne serait que de 2 cm si le barrage du moulin de la Gassotte est surélevé de 15 cm par rapport au niveau autorisé en 1856.

Le registre des augmentations et diminutions indique des constructions nouvelles sur la parcelle E2 903, c'est-à-dire sur l'îlot en aval le plus éloigné du barrage de la rive gauche de la Gartempe : construction d'une maison achevée en 1874 par Henri Villeneuve, maréchal à Saint-Savin, décédé le 9 juin 1875 à l'âge de 27 ans, et destruction et reconstruction d'une maison avec atelier achevés en 1875 par Louis Mathé, régisseur à Angles-sur-l'Anglin, apparenté à la mère de H. Villeneuve.

La production est concédée le 16 novembre 1892 pour 15 ans à la compagnie Wells et Cie à Poitiers, qui installe la centrale hydroélectrique dans le moulin et doit fournir gratuitement l'électricité nécessaire à l'éclairage public de la commune. La concession échoit en 1912 à René Mahieu, de Montmorillon, qui doit fournir du courant à 115 volts aux habitants de Saint-Savin et de Saint-Germain ainsi que, gratuitement, 50 lampes d'éclairage public. L'installation de cet éclairage public est régularisé l'année suivant, les initiateurs du projet ayant omis de demander l'es autorisations administratives nécessaires. En 1929, la concession est reprise par le syndicat intercommunal d'électricité de la Vienne.

Le baron Demarçay, député-maire décédé le 9 septembre 1907, lègue à la commune, par testament du 19 juillet 1907, 60000 francs pour créer un hospice dans le logis sud de l'abbaye et les revenus de sa part de propriété du moulin qu'il possédait avec Léon Édoux (25000 francs) doivent permettre d'entretenir l'hospice. Un projet est proposé fin septembre 1909 à la commune par A. Goux, architecte à Chauvigny. En 1910, le projet butte sur des considérations sanitaires (creusement d'un puits et potabilité de l'eau). Cette somme est reportée de budgets en budgets, pour être finalement affectée à l'agrandissement de l'abattoir à la veille de la Deuxième Guerre mondiale.

Sur plusieurs cartes postales anciennes, la passerelle métallique, aujourd'hui détruite, qui reliait le deuxième étage du moulin à la rive est bien visible du côté du moulin. Sur la rive, elle semblait déboucher sur la terrasse du logis abbatial.

Un bâtiment était adossé à l'est du bâtiment principal, entre celui-ci et le déversoir. Il semble être en matériaux légers et une carte postale non datée le montre avec sa charpente sans toiture (avec des matériaux sur les piles du déversoir et un ouvrier) alors qu'il est couvert sur d'autres vues. Ce bâtiment a été remplacé par une pièce sur pilotis. Sur certaines cartes postales, un bâtiment semble-t-il à bardage de tôles est également adossé à l'ouest du bâtiment principal. Les dates de constructions et démolitions de ces annexes n'a pas pu être retrouvée.

La construction du nouvel hôtel de ville entraîne, en 1911-1913, l'échange de terrains entre la commune et Mme Edoux : l'ancienne mairie et justice de paix est cédée par la commune contre la moitié du moulin et une maison dite maison Guillernet située rue de l'Abreuvoir, après un conflit entre les deux parties sur la réutilisation des bois issus de la démolition de l'ancienne justice de paix. Les plans dressés à l'occasion de cette cession par l'agent-voyer André Duchesne montrent la présence de deux importants bancs de sable (" îles ") en aval du barrage.

En 1919, des réparations urgentes sont réalisées sur le barrage de l'écluse (11422,47 francs).

En 1924, la commune obtient du conseil général une subvention de 15000 francs pour réparer le barrage. En 1925, les travaux ne sont pas encore commencés et le sous-préfet rend compte au préfet que la commune réalisera les travaux dès que l'état de la Gartempe le permettra. 7736,85 francs sont dépensés par la commune en 1927, mais les travaux ne sont toujours pas achevés en 1929 (reliquat de subvention de 3663,15 francs inscrits au budget de 1929 à 1931). De nouveaux travaux sont devenus inutiles par la transformation de la distribution d'électricité par le syndicat intercommunal d'électricité d'électricité à courant continu par une distribution de courant triphasé, le conseil général accepte le 30 décembre 1930 que cette subvention soit affectée à la construction d'un poste de transformation sur la promenade de la Roche-en-Goût. 3534,70 francs provenant de la subvention pour le barrage sont dépensés en 1932.

Le 3 octobre 1929, le percepteur de Saint-Savin note que René Mahieu, locataire du moulin, n'a réglé ni les loyers de l'usine de 1925 à 1928 (1930 : mémoires arriérés de Mahieu : 6573,90 francs inscrits au budget de 1930), ni les impôts afférents. Sur une dette de 12188,53 francs (contestée par M. Mahieu qui reconnaît être redevable seulement de 7291,18 francs), il n'a réglé que 5857,66 francs le 27 septembre, le percepteur lève provisoirement la saisie dans l'attente du versement du solde.

Le moulin, la maison du meunier et un terrain voisin sont mis aux enchères par la commune (délibération du conseil municipal du 23 février 1932, autorisation du sous-préfet par arrêté du 22 février 1933). Aucune enchère n'est portée sur les biens immobiliers à la première séance organisée le 26 février 1933 mais les machines (deux dynamos et un moteur électrique) sont adjugées Alphonse Boutin pour 1800 francs. De nouvelles enchères sont organisées le 26 mars 1933 et le moulin ne trouve toujours pas preneur alors que le 2e lot (ancienne maison du meunier 1 rue de l'Abreuvoir) est remporté par M. Vollard, bourrelier à Saint-Savin, pour 21000 francs et le 3e lot (terrain du Rochegoût) à Charles Germain, propriétaire à Saint-Savin (voir description en annexe). Le moulin est finalement cédé les 21 et 22 février 1934 à M. Chéri Roy, propriétaire et notaire à Bonnes, pour 12000 francs.

En août 1936, le notaire Yves Guille, qui a réalisé l'acte de vente à M. Roy, demande des éclaircissement sur le statut du barrage que le nouveau propriétaire souhaite arraser. Les ponts-et-chaussées refuse de lui répondre car M. Guille n'est pas le propriétaire.

En 1938, P. Larcher, nouveau propriétaire du moulin, obtient l'autorisation d'empierrer le talus bordant la rivière entre l'abreuvoir et le mur d'entrée de son moulin.

Le 29 juin 1945, le maire de Saint-Savin transmet au service hydraulique une plainte des habitants sur le mauvais fonctionnement des pompes publiques municipales, attribué à un manque d'eau lié au mauvais entretien du barrage. En 1948, le barrage comporte plusieurs brèches et n'est plus entretenu. L'usine n'est plus exploitée par son propriétaire mais est toujours équipée en centrale électrique avec une turbine et une génératrice.

Périodes

Principale : 17e siècle

Principale : 19e siècle

Le moulin est situé quelques dizaines de mètre en aval (au nord) du logis de l'abbé. Le moulin aval est le moulin de la Gassotte, construit en 1856.

Sur un plan de 1844, le barrage du moulin, qui appartenait alors à M. Chauvin, bien que dégradé, s'appuyait sur deux éperons (voir annexe et plans en illustrations). Depuis, ces éperons se sont transformés en îlots (deux îlots déjà figurés sur un plan de 1878) et aujourd'hui, l'ancien barrage du côté de la rive droite (commune de Saint-Germain) est à peine perceptible.

Le rapport de l'ingénieur des Ponts-et-Chaussées daté de 1844 donne une description des transformations du moulin et des vannes pour adjoindre au moulin existant un moulin à battre les grains (voir annexe).

Le moulin est séparé de la rive gauche de la Gartempe par un bief couvert surmonté d'une pièce de service ; une passerelle métallique relie le deuxième étage à la terrasse à l'est du logis de l'abbé.

Le moulin, ouvert d'un toit à longs pans et croupes, en ardoise, se compose d'un bâtiment avec un éperon vers le sud (amont), comprenant n étage de soubassement inondable et deux étages carrés. Les murs est et ouest sont percés de deux travées de fenêtres. Le mur nord comprend une porte à l'étage de soubassement, s'ouvrant sur la rivière, et une fenêtre au deuxième étage. Le pan sud-ouest de l'éperon est percé d'une large porte à l'étage de soubassement, permettant un accès depuis la rive et une passerelle à la salle des machines. Sur ce même pan, une fenêtre éclaire le premier étage tandis qu'au deuxième étage, une niche abrite une statue de saint Savin tenant de sa main gauche une croix sur sa poitrine et la main droite en appui sur une roue, symbole de son supplice, et tenant une palme.

Une pièce vitrée est construite en surplombe de la rivière, reliée à la première travée sud de l'élévation orientale et appuyée sur la première pile située dans le cour de la Gartempe. Elle surplombe la roue hydraulique verticale. La deuxième pile est reliée à la première par une poutre qui permet l'accès pour contrôler l'installation. Les deux piles présentent un éperon vers l'amont. Des cartes postales anciennes documentent les vannes qui étaient situées entre ces deux piles.

Le moulin produit toujours de l'électricité.

Le bassin constitué aux abords du déversoir est dénommé le " bassin de la Roche-en-Goût ".

Murs
  1. Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. tuile mécanique
Étages

étage de soubassement, 2 étages carrés

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

  2. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : pignon couvert

Énergies
  1. Nature : énergie hydraulique

    Origine : produite sur place

    Machine : roue hydraulique verticale

  2. Nature : énergie thermique

    Origine : produite sur place

État de conservation
  1. établissement industriel désaffecté

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Saint-Savin

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: le Bourg

Cadastre: 1825 E 900-903 (Moulin : 900 et 901 Îlots en aval du barrage : 902 et 903), 2017 AC 543

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...