Eglise paroissiale et cimetière (disparus), puis place

France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Arçais

De l'église de 1626 au transfert du cimetière en 1839

Au Moyen Age, l'église d'Arçais se trouvait à l'extérieur du bourg, route de Saint-Hilaire, au lieu-dit "la Vieille église". Elle devait s'y trouver lorsqu'elle fut donnée avec Arçais et la terre de "Ressia" par le duc d'Aquitaine au chapitre de l'église Saint-HIlaire-le-Grand de Poitiers en 975. A part la mise au jour des vestiges d'un cimetière, rien ne permet dans l'état actuel des connaissances de savoir si des habitations accompagnaient cette implantation. Probablement très endommagée par les guerres de Cent ans puis de Religion, l'église semble avoir été abandonnée au 16e siècle. Le 20 octobre 1662, le chapitre de Saint-Hilaire obtient interdiction faite au curé d'Arçais de prélever des pierres dans les ruines de l'ancienne église, au cas où celle-ci serait un jour relevée.

C'est sans doute pour remédier au manque d'église qu'en 1626, René Goullard, seigneur d'Arçais, donne un terrain situé sur la partie haute du bourg, surplombant son château, pour y construire une nouvelle église (à moins qu'il ne s'agisse, comme le laisse penser le rapport de 1853 ci-dessous, d'un agrandissement d'une ancienne chapelle seigneuriale liée au château). Celle-ci est bénite le 24 août 1626, à 10 heures du matin, par Jehan Maucourt, curé de Saint-Hilaire-la-Palud, Jehan Collardeau étant curé d'Arçais. La donation est confirmée le 7 septembre 1653 par Georges Goullard d'Arsay qui en profite pour faire don cette fois-ci de l'espace qui touche l'église au sud et qui servira ainsi de cimetière. Le 11 août 1669, Jacques Billard, curé d'Arçais depuis 28 ans, décédé à 69 ans, est inhumé en l'église. Le 17 avril 1682, Elisabeth Métayer, épouse de Henri Goullard d'Arsay, décédée à 43 ans, est inhumée en la sépulture des seigneurs patrons et fondateurs de l'église nouvelle d'Arçais.

L'église apparaît sur le plan cadastral de 1829. Elle occupe alors le tiers nord de la place actuelle, en laissant une ruelle entre elle et les maisons au nord. Le cimetière, lui, s'étend alors sur tout le reste de la place, vers le sud. Une enquête sur les cimetières menée en 1804, lui donne une superficie de 162 toises. Il est entouré au nord par l'église, au sud par des maisons, à l'est et à l'ouest par des murs de 5 pieds de haut. Trop petit, les inhumations y sont trop nombreuses et sont souvent réalisées avant même la décomposition complète des cadavres précédemment inhumés. Le 9 février 1834, le conseil municipal demande donc son transfert à l'est du bourg, le terrain nécessaire est acquis en 1839. Les inhumations sur la place de l'église se poursuivront toutefois jusqu'en 1866, date d'ouverture effective du nouveau cimetière.

Une église vétuste et trop petite (milieu du 19e siècle)

En cette même première moitié du 19e siècle, l'église apparaît trop petite et surtout en très mauvais état, prête à s'effondrer. En 1824-1825, à la suite de l'effondrement d'une travée de mur, on en profite pour surélever le toit afin d'en augmenter la pente. Le 5 mars 1847 pourtant, le conseil municipal décide de démolir l'église en raison de sa vétusté et aussi de la nécessité de disposer d'une place publique utile au commerce. Il est alors question de construire une nouvelle église à côté du nouveau cimetière, route du Vanneau, mais le projet est abandonné, faute de moyens financiers. Les 18 juillet 1850 et 7 mars 1851, le curé Favriou écrit au préfet pour attirer son attention sur l'urgence de la situation : le clocher de la petite église tremble à chaque fois que l'on fait sonner la cloche !

Le 5 février 1853, François Charonnet, architecte à Niort, rend son rapport au préfet sur l'état de l'église. Confirmant qu'elle ne peut être reconstruite, il précise qu'elle n'a "aucun caractère distinctif", étant autrefois "simplement consacrée à la domesticité de l'ancien château seigneurial". Il conclut : "Le catholicisme n'y a point imprimé son indélébile cachet." Selon son rapport, l'église est un petit parallélogramme de 211,34 mètres carrés, long de 16 mètres sur 7,42 de large et haut de 4,40 mètres. Obscure, elle est éclairée par six petites fenêtres de 50 cm de large sur 70 de haut. Charonnet explique aussi que l'église dans son état actuel, et telle que construite en 1626, résulte d'un simple agrandissement de l'ancienne chapelle seigneuriale, avec un prolongement de 8,18 mètres et la construction d'un bas-côté sud. On pourrait créer un bas-côté nord, prolonger la nef et surélever les murs, mais l'édifice est contraint au nord et à l'est par des ruelles étroites, au sud par l'ancien cimetière, et à l'ouest par un terrain vague dépendant de l'ancien château. Surtout, les murs sont en très mauvais état, en particulier le mur nord et la façade ouest, ainsi que le clocheton qui la surmonte.

Le 10 juin 1853, Charonnet présente un plan de construction d'une nouvelle église, qui fait aussi apparaître l'ancienne. On y voit la façade ouest, en pignon, soutenue par deux contreforts plats encadrant une porte en plein cintre et un oculus au-dessus, le tout sous un petit clocher-mur. A l'intérieur, la charpente, apparente, est soutenue par six piliers et colonnes qui séparent la nef du bas-côté sud. Dans l'axe de celui-ci, se trouve un autel latéral et, derrière lui, une petite sacristie qui ouvre sur le choeur, placé dans l'axe de la nef. S'appuyant sur ces conclusions, décision est prise de construire une nouvelle église à côté de l'ancienne. Les travaux commencent en 1856.

Une église en sursis puis démolie, une place réaménagée (après 1870)

Quant à l'ancienne église, elle n'est pas tout de suite démolie. Il semble qu'à la fin des années 1860, le choeur soit réutilisé en mairie, et la sacristie en salle des archives. La mairie quitte les lieux dès 1870-1871 pour s'installer dans la nouvelle mairie-école. Le 7 mai 1871, le conseil municipal décide de transformer l'ancienne église en halles, et d'agrandir la place publique en réutilisant l'ancien cimetière. Un plan des lieux en ce sens a été présenté la veille par Pierre Desmier, entrepreneur à Arçais. Il prévoit aussi de relier l'ancienne et la nouvelle église par un muret, fermant ainsi complètement la place.

Mais très vite, on constate que l'ancienne église, en mauvais état, entrave la place et n'est pas appropriée pour cet usage commercial. Il s'agit aussi de mieux utiliser la place, libérée du cimetière. Le 5 septembre 1877, le conseil municipal constate que les inhumations ont cessé depuis dix ans, et décide de réaménager la place, avec construction de nouvelles halles. Le projet suscite l'émoi du curé et d'une partie de la population, "au regard de la mémoire des ancêtres" inhumés là depuis des générations. Le curé estime que les halles pourraient être construites dans le jardin du presbytère (3 rue du Marais), et qu'un nouveau presbytère pourrait être édifié à la place de l'ancienne église. Le conseil municipal du 23 juin 1878 rejette ces propositions, assurant que le presbytère est en bon état, tandis qu'on manque de place pour les foires et marchés.

La commune entreprend dès lors de construire de nouvelles halles sur le côté sud de la place. Le 31 août 1879, le conseil municipal approuve le projet présenté par Charles Desessards, agent voyer à Niort, pour 3720 francs. Le 25 octobre, la soumission présentée par Louis Barraud, entrepreneur à Arçais, est adoptée, et les travaux se déroulent au cours du premier semestre 1880. Le 4 juillet, le conseil municipal approuve la démolition de l'ancienne église et le nivellement de son emplacement et de ses abords. L'aménagement du côté sud de la place sera complété en 1909 par la construction du bureau de poste, empiétant sur une partie des halles. Après leur destruction par un incendie, les halles feront place aux locaux commerciaux actuels. Entre temps, en 1897-1898, la transformation en voie publique d'un chemin privé dépendant autrefois de l'ancien château d'Arçais, a permis de relier la place de l'église, au nord-ouest, à la rue de l'Ouche et au grand port.

Périodes

Principale : 17e siècle, 4e quart 19e siècle

Auteurs Auteur : Desessards Charles

Agent voyer à Niort dans la seconde moitié du 19e siècle, conseiller municipal, marié en 1876 avec Félicie Bourolleau, décédé 19 rue du Clos-Bouchet le 21 janvier 1919.

, agent voyer (attribution par source)

La place est située au coeur du bourg, dans sa partie la plus haute. Ombragée d'arbres, elle est délimitée par des habitations au nord et à l'est, l'église à l'ouest, les anciennes halles et poste au sud. Elle est le point de départ de ruelles qui se dirigent vers le reste du bourg au nord-est et au sud, ou vers le grand port au nord-ouest.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Arçais , place de l' Eglise

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: Bourg

Cadastre: 1829 D 764, 765, 2022 AM 46

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