Présentation de la commune de Saint-Junien

France > Nouvelle-Aquitaine > Haute-Vienne > Saint-Junien

Saint-Junien est la seconde ville du département de la Haute-Vienne, avec près de 11.000 habitants. Son ancien nom de Comodoliac évoque un peuplement gallo-romain, peu documenté. Des vestiges d'une voie romaine reliant probablement Limoges à Saintes ont été retrouvés sur la rive gauche de la Vienne. La ville se trouve à la confluence de deux rivières, et donc au point d’un double franchissement, celui de la Glane (Est-Ouest) et celui de la vienne (Nord-Sud).

La tradition veut que la ville se soit organisée autour d'un oratoire puis d’un monastère qui ont pour origine les ermitages des saints Amand et Junien. Le tombeau de saint Junien, situé sur un chemin fréquenté est devenu un lieu de pèlerinage. Enrichis par le commerce, les bourgeois obtiennent dès le XIIe siècle, une charte réglant leurs rapports avec les évêques et la nomination de consuls, chargés de défendre leurs intérêts.

Au XIIIe siècle, un pont est construit sur la Vienne (sans doute un gué auparavant). Les seigneurs, abbés puis évêques font construire une enceinte fortifiée et des châteaux aux alentours : Châteaumorand, Rochebrune et le Châtelard.

Outre la collégiale et l'église Saint-Pierre située près de la porte de la Voie du Pont, au bout de l'actuelle rue Louis Codet (dont la paroisse a été active de 1324 à la Révolution), la ville compte aussi quatre couvents (dominicains, récollets, religieuses de Notre-Dame et cordeliers) et la chapelle de Notre-Dame du Pont. Elle n'a jamais été un centre administratif ni judiciaire, pas plus sous l'ancien régime que depuis la Révolution.

La confluence des deux rivières permet dès le moyen-âge le développement d’un artisanat lié d’une part à la mégisserie et la ganterie et d’autre part à la papeterie. La population de Saint-Junien à la fin du 17e siècle peut être estimée à 3000 habitants (800 feux fiscaux). Elle double au cours du 18e siècle (6000 en 1801) et reste stable dans la première moitié du 19e siècle (5994 habitants en 1856).

Au 19e siècle, la mégisserie et la papeterie (reconvertie dans la production de papier de paille) s’industrialisent fortement, tandis que la ganterie se tourne vers le luxe. Ces trois secteurs, favorisés par l’arrivé du chemin de fer en 1875, font de Saint-Junien la seconde ville industrielle du département. En 1860, la ville compte treize mégisseries et dix-sept ganteries employant les unes 250 mégissiers et teinturiers, et les autres 150 gantiers et 1800 couturières, auxquelles il faut ajouter en 1874 neuf papeteries et deux fabriques de feutres, une usine de porcelaine, une de porterie et une saboterie. En 1881, on dénombre neuf papeteries de papier de paille (comptant 300 employés), vingt-sept mégisseries (200 ouvriers), quatorze fabriques de gants (200 gantiers et gantières), onze teintureries (24 ouvriers) et deux scieries mécaniques

Ces activités attirent une population issue d’une émigration rurale venue des campagnes pauvres voisines, des monts de Blond et surtout du Sud-Ouest du département de la Haute-Vienne : 7442 habitants en 1871, 8221 en 1876, 9674 en 1902, et atteint 11 000 habitants en 1911. Elle oscille ensuite entre 10 000 et 11000 habitants, valeur qu’elle retrouve dans les années 1960.

L'après-guerre voit la fermeture des grandes mégisseries, mais l'activité toujours entrainée par les deux secteurs historiques de la peausserie et de la papeterie est florissante : en 1951, d'après l'annuaires Tout Limoges, Saint-Junien compte soixante-six gantiers (plus quatre fournisseurs de matériels de ganterie et trois marchands de machines à coudre), seize mégisseries, huit teinturiers en peaux ; le travail de la laine, activité induite, occupe dix-sept entreprises (y compris les seize mégisseries), trois entreprises de délainage et trois filatures de laine. Deux teintureries travaillent cette laine pour les six bonneteries de la ville et une entreprise de gants tricotés, tandis que quatre fabriques de feutre la transforment à destination des papeteries. Fortement concentrée, la papeterie ne compte que deux unités, produisant du cartonnage, du papier ondulé et du papier d'emballage. Celui-ci est transformé en sac en papiers par quatorze sacheteries. Deux minoteries, une usine de porcelaine et une usine de jouet complètent le tableau industriel de la commune.

Dans les années 1960, une zone industrielle est créée au nord de la ville, à proximité de la nationale 141. A partir des années 1970, la désindustrialisation frappe l'activité de la ville en entrainant la fermeture des papeteries et la réduction de l’activité gantière.

Un premier projet de musée de la ganterie est envisagé dès les années 1960. Dans les années 1980, la mairie réactive le projet tandis que l'association Aicarpa mène des enquêtes orales et des reportages photographiques sur les activités industrielles de la commune. Depuis 2004, un fonds mobilier et archivistique autour des métiers du cuir est collecté. Enfin, portée par la municipalité et la Communauté de communes de la Porte océane du Limousin, la Cité du cuir, structure permanente des savoir-faire du cuir chargée de promouvoir, conserver, valoriser et animer ce patrimoine, devrait ouvrir en 2024.

La ville de Saint-Junien est bâtie en amphithéâtre sur le coteau qui sépare la Glane de la Vienne. Ville d’étape au point de franchissement des deux rivières, Saint-Junien s’organise autour de la jonction de quatre routes : au Nord vers le Poitou, à l'Est vers Limoges, au Sud vers le Périgord, après la traversée de la Vienne, à l'Ouest vers Angoulême et la mer.

La forme de la ville est structurée par l’enceinte fortifiée médiévale dont le tracé est encore lisible dans les boulevards établis sur l'emplacement des fossés. Chaque porte commande une des rues principales : rue du Pont-Levis, aujourd'hui Lucien-Dumas, rue du Cimetière, rue Paillouse, aujourd'hui Gabriel-Péri, rue Saler, aujourd'hui Jean-Jacques-Rousseau. Suivant un plan radioconcentrique, ces rues se rejoignent au centre de la ville, sur la place du Marché. On y trouve l'église et les maisons du Chapitre, la salle épiscopale, la maison des consuls, la halle. Des rues intérieures parallèles à l'enceinte doublent le tracé du chemin de ronde : rue Beaumont, rue Chapelain, rue Dubois, rue Lamartine, rue Louis-Codet. Quatre portes fortifiées complétaient la défense de la ville : Porte du Pont-Levis au Nord, Porte du Cimetière à l'Est, Porte de la Voie du Pont au Sud, Porte Saler à l'Ouest.

Hors les murs, les quatre faubourgs s’échelonnent le long des voies d'accès ; peu étendus, ils sont plus denses sur la route d’Angoulême et surtout vers la Vienne (artisanat liés à la ganterie et à la mégisserie), ainsi qu’autour du Champ-de-Foire. En bord de Vienne et de Glane, les moulins forment un chapelet disjoint.

Les faubourgs accueillent des établissements religieux ou de bienfaisance : l'Hôpital du faubourg Saler, le couvent des Dominicains ou Jacobins proche de la porte Saler, hors des remparts, la chapelle Notre-Dame du Pont, le couvent des Récollets établis dans les anciens bâtiments de l'ermitage Saint-Amand ; au pont Sainte-Elisabeth, la Maladrerie ; enfin, au Nord de la porte du Cimetière, le couvent des Cordeliers.

Vers 1760, sous l’intendance de Turgot, la création des routes de Limoges à Angoulême et de Lyon à Brest entraine la démolition des remparts devenus obsolètes et empiétant sur le tracé des nouvelles voies. L’intendant Meulan d'Ablois ensuite fait aménager des cours sur l’emplacement des fossés, tandis que des places remplacent les portes. Ces cours deviennent ensuite les boulevards Victor-Hugo, de la République, Gambetta, Pierre-Brossolette et Garibaldi.

La physionomie de la ville change au XIXe siècle, favorisée par le développement industriel. L’implantation de nouvelles mégisseries crée une zone industrielle continue en bord de Vienne, tandis que, le long de la Glane, s’implante un chapelet d’usines dispersées qui perdure malgré les conditions géographiques qui en limitent l’expansion et la desserte.

En ville, où les ateliers de gantiers sont nombreux, la démolition de l'ancien quartier épiscopal en deux étapes (1881 et 1899) permet de construire des Halles. Sur les boulevards, s’élèvent des bâtiments publics : en 1884-1886, les écoles de garçons (boulevard de la République), école de filles et école maternelle (boulevard Gambetta), plus récemment le Bureau de poste (boulevard de la République). Face à l'ancienne porte du Pont-Levis, se trouve le champ de foire, prolongé par une promenade et un vaste terrain à la disposition des forains.

Dans le même temps, la croissance des faubourgs est spectaculaire, mais inégale : elle se fait d’abord et surtout en direction de la gare (à partir de l’arrivée du chemin de fer en 1875) et de la Vienne où de larges avenues forment une ceinture au peuplement nouveau effectué le long de l'axe formé par l'ancien faubourg du Pont, actuellement Blanqui et Gaillard. Limitée par la voie ferrée, la zone d’habitat ne va pas jusqu'aux usines et à la Vienne.

Au nord de la ville, le faubourg du Pont-Levis a un aspect plus résidentiel, tandis qu’à l’ouest, le faubourg Saler (puis Liebknecht), est de peuplement plus ouvrier. A l’est, le faubourg du cimetière, tout comme la rive gauche, sont restés peu peuplé. Entre les faubourgs, des espaces vides se bâtissent lentement. Le village de Glane dominant le confluent des deux rivières reste loin du grand centre.

Après la seconde guerre mondiale, la ville s’étend vers le nord, où une zone industrielle est créée pour compenser la fermeture des grandes mégisseries (dès 1950) puis des papeteries, et la réduction de l’activité gantière.

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...